J'autogère, tu autogères, nous nous autogérons

Seize personnes travaillent ensemble, sans responsable hiérarchique. Facile ?

Le Pain des Cairns est une entreprise autogérée qui fonctionne aujourd’hui en grande partie grâce aux rôles. La gestion de la communication, de l’administratif, des stocks, du planning, du matériel, des vêtements, de l’informatique (et de tout plein d’autres trucs) est confiée à des salarié·e·s qui sont parfaitement souverains et autonomes dans leurs missions. 

Les responsables de rôles peuvent engager des dépenses inférieures à 500 euros sans demander d’accord formel à leurs collègues et prendre toutes les décisions liées à leur domaine d’action. Les rôles sont attribués à celles et ceux qui souhaitent les occuper ou – lorsqu’un rôle est vacant – à l’un ou l’une des associé·e·s-salarié·e·s, tiré·e au sort

Quand des décisions stratégiques ou transversales sont à prendre, l’entreprise va rassembler le cercle opérationnel ou le cercle stratégique. Généralement réuni pendant une journée (c’est d’ailleurs pour ça que nous fermons une journée tous les deux mois) le cercle utilise la méthode de la gestion par consentement

En clair, le vote n’est jamais utilisé et les décisions ne sont prises que lorsque toutes les objections raisonnables sont levées (une objection est jugée raisonnable si elle bonifie la proposition à l’étude ou l’élimine complètement).

Comment fonctionne cette histoire de gestion par consentement ?

Dans une entreprise ou ailleurs, c’est souvent au moment de prendre une décision que tout part en cacahuète. Lorsque nous devons prendre une décision importante, nous essayons de suivre un schéma tout simple mais structuré.

Nous commençons toujours par un tour de météo, afin de partager notre humeur du jour. Après une phase d’échange autour de la question à traiter, une personne va faire une proposition. Concrètement, elle se lève, va devant un paper board et présente son idée, généralement issue des éléments présentés lors de la phase d’échange. Une fois la proposition présentée aux collègues, nous entamons un tour de clarification puis de ressentis : chaque participant·e pose ses questions ou émet des doutes sur tel ou tel point de la proposition. La personne ayant présenté son idée va ensuite avoir la possibilité d’amender son projet, de le clarifier… ou de le retirer. 

Débute ensuite un tour de ressentis, puis d’objections. Chacun·e a la possibilité d’émettre une ou plusieurs objections : ce n’est pas une préférence, pas un avis ou une autre proposition : c’est l’expression de ce qui n’est pas vivable pour la personne en question. C’est aussi l’expression du risque ou du problème pour l’entreprise (son fonctionnement, sa raison d’être, sa rentabilité…) qu’une personne peut voir face à une proposition faite par une autre personne. C’est là que l’intelligence collective intervient grâce aux différences de chacun·e·s. 

Une fois ces objections émises, le groupe travaille à bonifier la proposition jusqu’à ce que l’ensemble de ces objections soient traitées et levées. Si toutefois une objection est maintenue par l’un·e de nous, deux choix : l’ensemble du groupe collabore ensemble pour bonifier davantage la proposition dans l’objectif de lever l’objection ou nous faisons un retour en arrière dans le processus et appelons à une nouvelle proposition. Il est aussi possible de reporter le sujet à plus tard. 

Oui, ce modèle de prise de décision peut prendre du temps, sur le moment. L’énorme avantage des décisions prises en utilisant ce modèle, c’est qu’elles sont ensuite acceptées par l’ensemble de l’équipe et généralement appliquées avec facilité. Cela dit, ne nous cachons pas : certains débats, notamment liés au développement de l’entreprise sont complexes à trancher.

Et la SCOP ?

La Société Coopérative et Participative (ou anciennement Société Coopérative Ouvrière de Production) est une société qui se distingue des sociétés classiques par une détention majoritaire du capital et du pouvoir de décision par les salarié·e·s. Au Pain des Cairns, dix des seize membres de l’équipe sont actuellement associé·e·s. Ils et elles ont pour mission d’élaborer la stratégie de l’entreprise.

Comme dans la totalité des SCOP, les salarié·e·s ont vocation à s’associer, et donc à s’exprimer sur les questions dédiées à la stratégie.

ça se passe bien ?

Notre foi, plutôt. Avoir la possibilité de décider ensemble du fonctionnement et de la stratégie de l’entreprise rend le travail moins pénible. Nous nous répétons à longueur de journée que l’entreprise doit nous servir personnellement et non pas l’inverse : nous ne sommes pas au service de cette aventure économique. Notre organisation nous offre aussi la possibilité de nous épanouir individuellement, en nous lançant dans les projets qui nous tiennent à cœur.

Pour autant, l’absence de la figure du·de la patron·ne n’est pas toujours simple à gérer. Facile bouc émissaire, le ou la responsable d’entreprise est parfois bien pratique : il ou elle fournit des réponses à toutes les questions, y compris à celles dont la réponse n’est pas facile à trouver. Chez nous, quand le quotidien ne tourne plus rond, il n’y a personne d’autre à accuser… que nous-mêmes.

Nous prenons toujours plaisir à échanger avec celles et ceux qui se posent des questions sur notre structure, et sur la prise de décisions collectives. N’hésitez surtout pas à nous contacter, que ce soit par écrit ou en passant directement nous voir à la boulangerie.

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